Et si le moment était venu ? (non ceci n’est pas le dernier titre de Marc Levy)

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Il y a quelques années, j’ai eu cette attaque de panique en prenant la parole dans une importante réunion professionnelle. A bout de souffle et faute de pouvoir encore émettre un son, j’avais dû interrompre ma présentation. Après huit années de barreau, j’avais vécu des moments bien plus périlleux que celui-là. Pourtant, pour l’une ou l’autre raison, la peur de revivre cette panique s’est installée, elle a pris de l’ampleur, jusqu’à ressembler de très près à une phobie.

J’ai cherché de l’aide auprès de différents professionnels, aux techniques et approches aussi variées qu’intéressantes. Et je me suis efforcée de me confronter à cette peur, encore et encore.

Tout ceci m’a fait progresser, toutefois c’est dans un autre mouvement que j’ai ressenti « le déclic ». Ce déclic n’a pas fait disparaître la peur. Mais il m’a permis de la traverser, cette peur, et il est arrivé lorsque je me suis tournée vers les autres, ceux qui étaient en train de m’écouter. Que voulais-je leur dire ? Que venaient-ils chercher ? Qu’avais-je à leur apporter ?

C’est au moment où j’ai arrêté de m’observer pour me plonger dans la relation que j’ai trouvé le courage d’avancer malgré ma difficulté. Et cela a même commencé à me plaire (parfois).

Très intuitivement, il m’arrive de penser qu’après les années d’individualisme, de nombrilisme, après les années « selfies », le moment est peut-être venu de retourner l’objectif de nos caméras vers ce et ceux qui nous entourent.

Notre époque est malade du « sens », la planète se transforme parfois en un vaste « Absurdistan ». En témoigne, selon moi, la vague du burn-out qui s’abat dans les entreprises. Et ceci n’est, à mon sens, pas étranger à la perte du lien et au culte de l’ego.

Point d’accusation toutefois dans mon propos. Nous avons tous cru très sincèrement à ces messages du « je le vaux bien » « prenez du temps pour vous »
« pensez à vous » car c’était probablement ce dont nous avions en effet besoin à ce moment-là.

Dans le « aime ton prochain comme toi-même » de notre culture judéo-chrétienne, l’amour de soi avait certainement été délaissé depuis trop longtemps.

Et aujourd’hui, le moment n’est-il pas venu, dans un mouvement de balancier, de revenir aux autres ?

A force de chercher par tous les moyens à connaître notre « moi profond », ne nous sommes-nous pas un peu fixés sur notre nombril ? N’avons-nous pas perdu de vue que nous sommes reliés, que nous faisons partie d’un tout ?

Finalement, construire le sens d’une vie ne revient-il pas à répondre, chaque jour, à la question « qu’ai-je à donner » ?

J’ai récemment fait une petite expérience : dans la rue, chaque fois que je laisse passer quelqu’un ou que quelqu’un me cède le passage, regarder cette personne vraiment, piéton ou automobiliste, lui sourire, lui faire un petit signe. C’est fou tout ce qui peut s’échanger en une seconde.

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