2022, Lost in transition ?

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Licorice Pizza, un film de Paul Thomas Anderson, avec Cooper Hoffman et Alana Haim

Voilà bientôt deux ans que nous vies ont été bouleversées par un certain virus. De plus ou moins près et avec plus ou moins de chance, nous avons tous été éprouvés et abimés.
Il y a eu ces « fêtes » de fin d’année vécues un peu comme en apnée – les réjouissances étaient légèrement forcées peut-être – et les perspectives pour la « nouvelle année » sont aujourd’hui toujours aussi incertaines.
Bref, cette fin de 2021 m’a donné le sentiment que nous étions tous, quelque part, convalescents, en train de nous rétablir… en ne sachant plus de quoi exactement ni pour combien de temps encore.
Certes, toutes proportions gardées : nous nous portons à merveille en comparaison du reste du vivant sur terre, que notre espèce a presque systématiquement mis en péril et l’on ne voit pas directement comment enrayer cette catastrophe annoncée.

Que des joyeusetés, donc !… mais également une impression d’être « en transition ». Peut-être que, tout cabossés que nous sommes, et certainement pas encore prêts à faire le deuil du monde d’avant, percevons-nous déjà (ou espérons ?) sans le distinguer que quelque chose d’autre se profile ?

J’en étais donc là, un peu patraque quand-même. Et puis, comme souvent, une image, une musique ou une voix, un texte, un film… vous prend à la gorge, vous décale et vous donne la claque qu’il vous fallait.

L’ « art » me touche particulièrement quand je devine le travail qu’il a nécessité. Il y a d’abord la beauté de l’œuvre, bien sûr, et le talent naturel de l’artiste, mais je m’imagine aussi le labeur, la discipline, sans doute le courage et puis l’effort, tout entier tendu vers son public, pour le toucher au cœur.

Et ce qui me plaît c’est aussi cette invitation qu’il nous lance, à briller et nous surpasser à notre tour.

Comme s’il nous invitait à apporter, dans notre domaine, un peu de beau, de l’abouti, de l’excellence. L’art, comme d’ailleurs le sport de haut niveau, nous exhorterait à « être dans son match », selon l’expression consacrée d’un de mes clients particulièrement doué en foot.

En tout cas c’est ce dont j’avais besoin, après une période où, comme vous peut-être, je me surprenais à économiser mes forces, à m’épargner, à me protéger.

Ce pourrait être le moment de nous remettre au défi, de continuer à apprendre et nous perfectionner et nous efforcer, jour après jour, d’être au sommet de « notre art », ne fut-ce que par politesse vis-à-vis de la vie et de nos semblables.

Avec discipline et dévouement.

Pour la beauté du geste. Pour la fragilité du geste. Comme l’artiste, comme le sportif, en étant faillible et c’est pour cela que c’est beau.

Quel que soit notre talent, qu’il soit dans notre métier ou pas, qu’il s’agisse de l’écriture, de l’éloquence, de la transmission, du sens des affaires, de l’écoute, de l’organisation, d’un talent commercial, de notre empathie ou notre inventivité,… donnons-lui sa pleine ampleur et son éclat.

Nous ne savons pas de quoi demain sera fait mais nous aurons avec certitude apporté au monde de la brillance, de l’inspiration, et une raison de plus d’y croire encore.

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