Thomas et la fin d’un monde

En 2010, je participais au colloque, organisé par le barreau de Bruxelles, « Être avocat autrement ». Mon petit monde était en train de vaciller et dans ma tête c’était le chaos car, après presque huit années, je me demandais si je ne voulais pas le quitter, ce barreau. Or être avocat c’était le seul métier que j’aie jamais connu.

thomas-et-la-fin-dun-monde

Un des orateurs était Thomas d’Ansembourg, lui-même un ancien avocat devenu un thérapeute et conférencier mondialement connu et reconnu, notamment après la parution de son livre « Cessez d’être gentil soyez vrai ».

Une idée me revenait souvent et ce jour-là particulièrement puisqu’avec tous ces confrères, nous étions là pour réfléchir à notre métier et surtout à nous, faisant ce métier. Dans cette journée d’introspection elle était bien là cette idée : je voulais devenir coach. Accompagner, toujours, mais me défaire du droit qui m’encombrait plus qu’autre chose et commençait même sérieusement à m’étouffer.

A la fin de l’atelier de l’après-midi, j’ai eu besoin d’aller lui parler, à ce Thomas, de cette idée. J’ignore pourquoi, je me disais peut-être qu’il me donnerait un conseil, un encouragement, un signe. Bref qu’il se passerait quelque chose. Très gentil, mon interlocuteur m’a finalement décoché un: « C’est bien, le coaching, une nouvelle corde à votre arc d’avocat! ».

Je me suis souvenue de cet épisode il y a quelques semaines, en mars 2015, alors que j’écoutais à nouveau Thomas d’Ansembourg, venu donner une conférence à l’International Coaching Federation. J’étais heureuse de mon petit bout de chemin parcouru et je n’ai pas pu m’empêcher d’aller le saluer en clin d’œil.

Comme pour les avocats, il a parlé de valeurs, d’intériorité, d’être dans l’être plutôt que dans le faire, parmi d’autres idées (toujours) inspirantes.

Quelques années plus tard, il a toutefois aussi évoqué l’époque et le sens à donner aux choses : pour lui nous sommes à un moment charnière de l’Histoire, comparable au passage du Moyen Age à la Renaissance. Il a décrit cette course, qui nous épuise individuellement et collectivement et aussi ce climat mortifère, du repli, de l’intégrisme : ils seraient ceux de la fin d’un monde, amorçant la transformation d’une société des rapports de force en une société de la collaboration.

En tout cas j’apprécie son optimisme. J’aime moi aussi penser que les crises sont fertiles.

Partager