Up or out ?

Si vous êtes un avocat ayant quelques années d’expérience dans un cabinet d’affaires, cette question est là, vous ne pouvez y échapper.

La question, c’est celle de savoir si vous aurez encore votre place dans ce cabinet dans les années à venir (parce que vous aurez été promu associé ou éventuellement of/counsel : on parlera d’un « up ») ou si, pour vous (comme pour la majorité de vos collègues, en définitive), le contrat de collaboration arrivera bientôt à expiration et vous serez invité à quitter le cabinet (« out »).

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Certes, la décision de vous garder appartient au cabinet et à cet égard son pouvoir d’appréciation est souverain, les critères de décision flous et l’arbitraire possible.

Toutefois, il n’est pas aberrant de penser que cette décision, votre attitude pourra l’influencer de façon relativement déterminante et que, partant, la première personne qui devra répondre à cette fameuse question du « up or out », c’est vous.

Si vous êtes concerné par cette situation, voici pour vous situer une stratégie en deux temps.

Phase 1 : Question

Vous vous en doutez, la première phase va consister à vous interroger, à sonder votre « for intérieur ».

Que voulez-vous (vraiment) aujourd’hui ? Pourquoi ?

Êtes-vous prêt à faire et à donner ce que cela implique ?

Pour explorer ces questions, il peut être intéressant de vous souvenir de comment vous êtes arrivé là où vous êtes à ce jour.

Vous avez compris les règles du jeu, les codes du milieu, vous êtes « formaté » selon les exigences du cabinet et avez appris à travailler dur et de longues heures.

A force de volonté et de persévérance, vous êtes devenu un(e) Avocat(e) d’Affaires.

Ce moment charnière, décisif, n’est-il pas l’occasion de mettre en dialogue celui ou celle que vous étiez, il y a quelques années, avec votre moi d’aujourd’hui ?

Vous souvenez-vous de quelle était votre aspiration de départ, votre élan premier ?

Etes-vous peut-être de ceux qui ont étudié le droit « par hasard », fait le barreau « par élimination » et choisi les cabinets d’affaires « parce qu’ils payent bien » ?

Qu’est-ce que cela représente et implique pour vous d’être avocat ?

Est-ce votre projet ou celui de vos parents, de votre professeur de latin en rhéto, de votre meilleur ami qui a fait pareil ou de l’associé dont vous êtes le bras droit? Est-ce un choix de cœur et/ou de raison ? Une vocation ? Est-ce peut-être un choix fait par peur (de manquer, de faire autre chose, de ne pas exister, …)?

Pour qui faites-vous ce métier ?

Cette carrière était-elle votre rêve ?  Et si elle ne l’était pas au départ, l’est-elle devenue ?

Il s’agit même, en définitive, de répondre à cette dernière question :

A la fin de votre vie, à quelles conditions pourrez-vous dire que vous avez réussi votre carrière, mais aussi que vous avez eu une belle et une bonne vie ? Quel serait votre plus grand regret ?

Phase 2 : Action

La réponse est OUI, j’ai l’ambition de poursuivre ma carrière dans ce cabinet

Si, au terme de cette introspection ultime (!), et en toute honnêteté avec vous-même, vous concluez que oui, votre rêve est résolument de vous hisser en haut de ce cabinet, il va falloir vous mettre en mouvement. Voici quelques actions prioritaires.

– N’hésitez pas à le faire comprendre au cabinet, le mieux étant peut-être de le dire clairement à l’occasion.

– Convoquez/invoquez (c’est selon) votre esprit d’entreprise.

– Clarifiez votre valeur ajoutée pour le cabinet et vos clients et rendez-la visible sans attendre et sans désemparer.

– Identifiez vos clients idéaux (existants ou à venir) et saisissez toutes les occasions de les rencontrer.

– Pourquoi pas, faites montre de créativité et d’audace en proposant de nouvelles niches, de nouveaux marchés, de nouvelles manières de travailler (!).

Si un associé dans la force de l’âge vous barre la route dans votre ascension, concevez un plan pour déjouer l’obstacle.

– Et enfin, pour parer à l’improbable, préparez votre Plan B (comme un mouvement vers un autre cabinet, par exemple).

La réponse est NON /PEUT-ÊTRE

Si, au plus profond de vous, la réponse qui s’est fait entendre est « non, je ne veux pas passer ma vie dans ce cabinet » ou bien « peut-être que si », alors le plan est le suivant.

Ne changez rien, apprenez tout ce que vous pouvez et tâchez de profiter de votre travail.

Prenez de temps en temps le temps d’écouter ce qui se dit à l’intérieur de vous.

Méditez sur votre prochaine destination (professionnelle).

Et, pourquoi pas, sur votre mission ici-bas…

Que voulez-vous apporter au monde ? En dehors du fait de gagner de l’argent, à quoi voulez-vous vous rendre utile dans cette société ?

Terminons ce billet comme un parfait évangéliste américain de la pensée positive, sur ce précieux conseil : « Shoot for the moon. Even if you miss, you’ll land among the stars. » (Norman Vincent Peale).

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